Résumé de l'intervention
M. CABRERA.- Merci. Nous avons trouvé intéressant d'être là, tous, avec vous pour échanger avec tous les amis qui travaillent au comité de groupe européen Air France-KLM.
Je vais vous présenter un travail que l'on fait ensemble depuis longtemps qui ressemble, mot pour mot, à ce qu'a dit Eric en fin de matinée.
Depuis 2006, nous explorons au quotidien toutes les conditions que nous pouvons mettre en place pour travailler ensemble mais nous avions commencé avant. Avant 2006, ce qui était en jeu, témoignait de la différence culturelle entre la culture sociale ou syndicale de la France et celle des Pays-Bas. L'Euro-Forum de KLM existait depuis 1996 et le CGE d'Air France, depuis 1997 et chacun de nous travaillait sur ces différences, depuis. Il ne s'agit pas d'une différence de culture entre Air France et KLM. C'est une différence de culture entre les Français et les Néerlandais, ce n'est pas pareil.
Aujourd'hui, nous sommes en pleine renégociation du protocole du comité d'entreprise européen Air France-KLM. C'est négocié avec d'un côté de la table, 4 Français venant de 4 syndicats différents ; 3 Néerlandais venant de 3 syndicats différents ; un Tchèque ; un Belge ; une Norvégienne et un Portugais. De l'autre côté de la table, 4 représentants de la Direction, 4 manageurs venant de deux compagnies différentes. Ce n'est pas là que cela se passe le mieux, croyez-moi !
A la fin, quand on sera à peu près d'accord, il faudra soumettre ce résultat final de la négociation pour avis aux 27 autres membres du comité de groupe européen, qui représentent 15 pays, et environ 19 syndicats différents. Le comité de groupe européen est effectivement une vraie structure européenne.
Du côté français, vous avez le groupe Air France (avec non seulement son comité de groupe français, mais aussi un CCE et des CE), la Servair (avec des CE et un CCE) et HOP! (avec encore un comité d'entreprise pour chaque filiale régionale).
Côté des Pays-Bas, c'est à peu près la même chose. Vous avez KLM qui a son Works Council et les filiales qui ont chacune le leur.
Et, en Europe, il y a les différents pays qui ont leurs représentations des personnels (CE, représentants du personnel ou des shop stewards qui représentent à la fois les personnels et les syndicats extérieurs comme en Angleterre).
Vous voyez que le seul endroit où tous ces gens peuvent se parler, c'est le comité d'entreprise européen. Sinon, il n'y en a pas ou alors c'est laissé à la bonne volonté (exemple : les pilotes KLM et Air France)
Quand on a vu que les deux entreprises se parlaient, dès 2003, nous avons décidé de créer un petit groupe qui s'est très vite parlé et a commencé à évoquer la situation. C'était le groupe des 4 : le secrétaire général du CCE, de l'époque ; le secrétaire général du comité de groupe européen Air France ; le président du Works Council de KLM ; et la présidente de l'Euro-forum de KLM.
Cela a donné lieu dès 2004, jusqu'à 2006 à la création du holding forum, à un endroit où il y avait 7 Français plutôt d'Air France, 7 Néerlandais plutôt de KLM. Parmi ces 14 personnes, il y avait un petit bureau de 4 qui était la fameuse bande des 4 qui avait initié ce contact.
Depuis 2006, vous le savez, c'est un comité de groupe européen Air France-KLM. 2006-2010 ; 2010-2014. Nous sommes actuellement en train de renégocier le futur protocole 2014-2018. On espère aboutir, alors que la Direction essaie de raccourcir la durée bien que, historiquement et dans la plupart des comités d'entreprise européens, c'est 4 ans. La durée est donc le premier enjeu.
Donc, le comité de groupe européen Air France-KLM est basé sur la loi française. Il est composé de 38 membres : 10 Français qui représentent la France (pas Air France), pour 66 000 salariés, environ ; 6 Néerlandais pour 33 000 salariés et 22 autres pour 5 000 salariés. Deuxième enjeu de la nouvelle négociation : garder ce rapport de force que la Direction veut inverser.
19 pays sont représentés.
Nous avons une secrétaire administrative et des bureaux qui sont donnés par la Direction aussi bien à Air France au Dôme qu'à Schiphol.
Deux plénières par an, officiellement. Ce n'est quasiment jamais deux. En 2012, il y en a eu trois et en 2013, quatre réunions. La séance plénière est toujours précédée d'une demi-journée, entre nous, de préparatoire et suivie d'une demi-journée de débriefing automatiquement. Elle se passe alternativement à Paris et à Amsterdam.
Un Bureau de 7 personnes : 4 Air France, 3 KLM, mais deux seulement qui viennent de France et une qui vient des Pays-Bas. Donc, 4 autres membres qui viennent des autres pays européens.
Pour travailler ensemble, étant donné les origines, les lois et les cultures diverses, il a fallu se « torturer » pour savoir comment on allait faire et surtout prendre le meilleur de chacun.
Donc, nous avons mis en place un rapport annuel, un country report. On demande à chaque membre de nous remonter fréquemment, si possible tous les mois, ce qui se passe dans son pays. Le Bureau est chargé de collecter ces différents rapports. On a comme cela un point de vue, qui nous permet d'inscrire à l'ordre du jour de la plénière les points qui sont communs à plusieurs pays ou en tout cas suffisamment importants pour être inscrits à la plénière.
Du coup, c'est dans la préparatoire, que le dialogue est ouvert, que l'on fait une espèce de tour de table. Chacun peut s'exprimer. Le Bureau, pendant la préparatoire, regroupe par thèmes toutes ces questions qui montent des pays. A la fin de la préparatoire, on détermine la liste des questions et on détermine qui va les poser.
A la fin de la préparatoire, nous avons un dîner "officiel". Il est payé par la Direction qui est obligée d'y assister aussi. C'est-à-dire que les membres de la Direction viennent à tour de rôle, de telle façon qu'à chaque table, il y ait au moins un membre de la Direction, qui va écouter à bâtons rompus autour d'un repas ce que les gens ont à lui dire, puisque nous arrangeons pour placer à la même table, un membre de la Direction et les représentants qui ont souhaité lui parler.
Le lendemain de la plénière, on va passer au débriefing et quand il y a eu un ou deux dérapages, on s'explique et on prépare aussi ensemble une déclaration finale, qui est en quelque sorte la position politique de ce qui s'est passé à la plénière. Le Bureau prépare cela la veille. Le soir, pendant le repas, on affine un peu et en débriefing, le lendemain, le Bureau propose ce texte qui fait une ou deux pages sur les différents éléments que l'on a vus en plénière.
Voilà le cœur de la méthode. Il faut mettre en place des règles explicites. C'est explicitement écrit que cela doit fonctionner comme cela. Et cela marche, pour l'instant en tout cas.
Comment a-t-on fait pour faire en sorte que cela marche ? C'est simple : on a mis en place un code de bonne conduite que tout nouvel élu qui arrive au comité de groupe européen pour représenter son pays, doit suivre.
Par exemple, il faut assister à la préparatoire, à la plénière et au débriefing et pas seulement à la plénière, sauf cas de force majeure que l'on peut aussi traiter. Quand quelqu'un n'assiste pas à la préparatoire, il ne prend en aucune manière la parole, le lendemain, à la plénière. Par ailleurs, quelqu'un qui n'était pas là au débriefing, ne peut pas téléphoner, deux jours après, en disant qu'il n'est pas d'accord avec tel paragraphe du texte final de la déclaration.
Contact email : cgeafkl@free.fr
Résumé du débat
M. CADOREL.- Avez-vous eu cette exigence, dès le départ ? Comment est-ce né ?
M. CABRERA.- C'est monté en charge, petit à petit, au fil des années.
M. CADOREL.- Quand par exemple le groupe donne la parole à un interlocuteur spécifique, devant la Direction, garde-t-il la main ? C'est-à-dire que non seulement, il pose la question mais il défend le dossier. Donc, il faut généralement que ce soit le meilleur et que les autres restent sur la touche pour qu'il n'y ait pas polémique.
M. FAUVERTE.- Cela s'articule plutôt bien, car les élus des pays européens qui analysent ont les compétences requises. Pour la plupart, ils sont relativement à l'aise vis-à-vis de la Direction. C'est une instance un peu particulière, une espèce d'OVNI dans le cadre de nos compagnies et dans notre cadre professionnel.
À mon sens, le comité de groupe européen va devenir une instance de plus en plus importante de par la création du groupe. Parce qu'il ne vous a pas échappé que toutes les décisions stratégiques seront prises au niveau du groupe. Les compagnies ne feront qu'appliquer des décisions, qui auront été prises au niveau du groupe. La seule instance à qui on va demander son avis sur la stratégie du groupe, c'est le comité de groupe européen. Derrière, avec des nuances à mon avis, le CCE d'Air France et le Works Council de KLM vont discuter des modalités d'application de décisions, qui auront été prises par le groupe. C'est là où cela va devenir très compliqué pour articuler tout cela.
C'est pour cela que je pense que les discussions qu'il y a, les blocages qu'il y a actuellement sont plutôt côté KLM que côté Air France, parce que les personnels et les représentants des personnels de KLM ont sûrement plus compris l'importance qu'allait prendre le comité de groupe européen et le fait qu'ils allaient perdre certaines prérogatives au profit du comité de groupe européen. C'est pour cela aussi, à mon avis, que la Direction d'Air France a voulu justement inverser la proportion du rapport de forces entre les Européens et les représentants de la France et des Pays-Bas.
QUESTION.- Quel type de dossiers traitez-vous ? Quel poids avez-vous dans ces dossiers ? Vous êtes-vous inspirés d'autres comités de groupe ? (Orange par exemple).
M. CABRERA.- La plupart des comités d'entreprise européens, en Europe, se sont inspirés de celui d'Air France-KLM, grâce à ce qui s'était passé à KLM avec l'Euro-Forum qui était déjà très en avance et grâce au comité de groupe européen d'Air France qui était aussi en avance par rapport à la directive. On travaille beaucoup avec d'autres comités d'entreprise européens, avec l'ETF et avec la CES.
Quel type de dossier, traitons-nous ? C'est simple. La directive prévoit que le comité de groupe européen doit être informé et consulté sur tous les dossiers, sur tous les projets qui concernent au moins deux pays.
Toutes les décisions qui seront prises à partir de maintenant, à la holding, vont concerner au moins deux pays, la France et les Pays-Bas.
Jusqu'à aujourd'hui, c'était la difficulté, quand il y avait un plan social en Allemagne, par exemple, on pouvait se demander si c'était un dossier transnational ou pas. Quand Air France décide de fermer les bureaux des commerciaux, à Barcelone, elle nous dit que ce n'est pas transnational. Justement pour répondre tout à fait parfaitement à cette question, on a introduit une notion dans notre protocole, qui était très en avance par rapport aux autres. Même si cela concerne un pays mais que, par l'importance de cette décision, cela peut intéresser l'ensemble des autres pays, alors, le comité de groupe européen doit être informé et consulté.
Le comité de groupe européen est un outil très intéressant, il me semble, mais c'est un outil. Il ne sert que de la façon dont on s'en sert. (Cf. ce qui s'est passé à la création du call center à Wembley en 1998).
Il y a des lois. Il y a la directive européenne de 1994, qui oblige les entreprises ayant plus de 1 000 salariés en dehors de leur pays d'origine et parmi ces 1 000 salariés en dehors du pays d'origine, deux stations avec plus de 150 salariés, à créer des comités d'entreprise européens. Air France tombait dans cette obligation. C'est donc une obligation légale de créer le comité de groupe européen.
C'est une obligation encore plus forte depuis la nouvelle directive de 2009 qui donne encore plus d'obligations aux patrons, aux entreprises pour informer et consulter les salariés en Europe. Informer et consulter.
Mme DEN HARTOG.- Si on dit que le comité de groupe européen s'est vu conférer davantage de droits à partir de 2009, nous parlons d'une perspective française. Si vous comparez la situation au comité d'entreprise néerlandais, les prérogatives sont inférieures.
M. CABRERA.- On est bien sur ce débat qui est que, comme la holding Air France-KLM a son siège en France, on se réfère bien au droit français qui s'applique.
Mme DEN HARTOG.- C'est pour cela que nous avons nos discussions en interne, parce qu'il y a un timing. Il y a des consultations en interne réalisées en amont pour information. En France, vous êtes informés à la fin des projets et du coup, l'avis consultatif devient une simple formalité. Dans le dispositif néerlandais, vous devez être informés au début du projet et le processus de consultation prend plusieurs mois. Il faut avoir une discussion complète dans le détail, exhaustive. C'est pour cela qu'il y a un télescopage continuel avec le dispositif du CEE, parce qu'il y a un décalage dans le temps entre les dispositifs français et néerlandais.
QUESTION.- Quelle publicité faites-vous des actions que vous menez en comité de groupe européen?
M. CABRERA.- C'est un des grands problèmes pour les deux grands pays. C'est le troisième enjeu du nouveau protocole : faire connaître aux personnels l'existence, le travail et les études au fil des mois du comité de groupe européen. Poser la question est assez simple, y répondre est excessivement compliqué.
Mme DEN HARTOG.- Dans le détail pratique, nous publions déjà tous nos comptes rendus en français et en anglais. Toutes les présentations sont traduites en français et en anglais. Ceci aide dans la démarche mais c'est seulement un début.
M. CABRERA.- Dans les pays d'Europe, les membres du comité de groupe européen, font des photocopie de la déclaration finale établie à la fin de chaque plénière, dès qu'ils la reçoivent, et la donnent à tout le monde. Chez Air France, pas du tout. Il va falloir trouver un moyen moderne pour la diffuser à tous les salariés. C'est extrêmement compliqué et c'est un des enjeux du nouveau protocole pour les quatre ans qui viennent.
M. VAN DER WAL.- Votre activité me préoccupe. Je pense qu'il y a une distinction entre les périmètres des deux entreprises dans les différents pays et les périmètres nationaux. Jusqu'à il y a deux ans, la politique était de maintenir la participation dans les pays, au minimum du périmètre de l'action transnationale. Mais clairement, il y a une évolution rapide avec des sujets de plus en plus transnationaux.
Est-ce que vous devez traiter de la fermeture d'un site à Francfort et de la question des membres dans chaque pays, de la façon dont ils communiquent sur leur mandat, de la façon dont ils mettent en œuvre leur mandat ? Même si vous êtes un membre en pleine responsabilité, vous êtes toujours affilié à un syndicat, à une organisation nationale. D'après ce que je comprends, 80 % de votre activité sont confidentiels et ne peuvent être partagés que dans la limite de ce que vous permet le président-directeur-général.
Je suis un peu mal à l'aise avec votre fonctionnement. Ma préoccupation est qu'il doit y avoir une décision quelque part, à Paris ou ailleurs, et que les choses vont se faire. Mais on laisse faire.
Encore une fois, d'un point de vue personnel, j'apprécie votre action, votre travail mais ma recommandation serait de la décentraliser au maximum.
Mme DEN HARTOG.- Je comprends les préoccupations qui sont les vôtres mais il y a différents points de vue à votre remarque. Aujourd'hui, heureusement, le président du comité néerlandais et le président du comité d'entreprise français sont tous les deux membres du comité de groupe européen. Ceci n'était pas été inscrit dans le protocole d'accord actuel. Après, il y aura une question d'avancement des deux processus dans les deux périmètres mais bien entendu, il y a un vrai défi, parce que le processus français est en décalage par rapport au processus néerlandais. Il faudra voir quel sera l'arbitrage, quelle sera l'articulation. Cela va être difficile.
M. VAN DER WAL.- Cela dépasse la simple question de la coordination. Prenons l'exemple de la fermeture du site de Barcelone. La décision est prise au niveau du siège mais l'exécution est du ressort du management local.
M. CABRERA.- C'est un des points importants de la discussion du comité de groupe européen. La décision de fermer Barcelone, a été prise à Paris. Donc, allons-nous être informés, consultés ? En tout cas, nous avons eu des informations au Bureau. Nous sommes au cœur du dispositif.
C'est un des objets de notre comité Air France-KLM. La directive de 2009 reprend ce thème précisément en citant le comité de groupe européen d'Air France-KLM.
M. MORRISEY.- L'une des premières confrontations que nous avons eues avec le management, au niveau du comité de groupe européen, a eu lieu lorsque nous avons parlé de transavia.com sur le périmètre France. Une des questions, c'est de définir le niveau des sujets transnationaux ou nationaux. Encore une fois, le comité de groupe européen n'a pas vocation à se substituer aux comités d'entreprise nationaux néerlandais ou français. Nous travaillons ensemble, côte à côte.
Le CEE, comme OMNES, nous donnent l'occasion de nous rencontrer, toutes les différentes nationalités au sein du groupe, les différentes personnes, les différents salariés pour identifier nos points communs, nos territoires communs, œuvrant au bien-être collectif et c'est important.
M. VAN DER WAL.- C'est bien que tout le monde soit informé, mais que la compétence reste de l'ordre du droit français, du droit néerlandais en termes de la construction sous le coup du droit du travail.
Mme DEN HARTOG.- Alors que l'on parle de la confiance, l'important est de jouer le jeu de façon appropriée. Vous renvoyez les sujets vers la France, vers les Pays-Bas, afin que chacun puisse jouer son jeu respectif et qu'à la fin du dispositif du côté néerlandais et du côté français, cela puisse remonter au niveau du comité de groupe européen. A ce moment-là, on sera en mesure de donner un avis.
QUESTION.- Je fais partie du CCE et c'est vrai que les questions qui ont été posées ici ont souvent été posées au sein du CCE. La holding va être de droit français. Les Français donnent un avis, sont consultés. KLM donne un accord ou un aval. C'est le point de blocage.
Concrètement, aujourd'hui, que fait-on ? Que se passe-t-il ? La holding Air France-KLM envisage-t-elle de ne plus donner ce pouvoir au Works Council ? Que peut-on faire pour donner plus de pouvoir au Works Council ? Qu'envisagent-ils de faire ? A quel membre de Direction avez-vous affaire ?
M. CABRERA.- Il faut bien que l'on fasse avec la loi française. C'est le fonds de l'affaire. Cela ne dépend ni d'Air France, ni de KLM, de changer la loi française sur ces questions. La solution aurait été de mettre la holding Air France-KLM aux Pays-Bas mais ils ne l'ont pas fait et le siège de la holding est en France.
C'est un des enjeux de ce nouveau protocole vis-à-vis de la nouvelle phase du groupe et de ce qui va se passer à l'avenir, puisque les décisions seront prises à la holding. Les trois instances vont quand même subsister, puisqu'il n'y a pas de personnel à la holding. Du coup, bien sûr que le débat stratégique a lieu au niveau de la holding mais immédiatement, c'est au niveau du CCE et du Works Council que cela se passe. Il faudra bien passer par les trois. C'est ce qui ennuie la Direction, car elle souhaiterait ne passer que par le comité de groupe européen. C'est non. Bien sûr.
QUESTION.- C'est écrit ?
M. CABRERA.- Non, ce n'est pas écrit, bien sûr que non. Ce ne sont même pas des propositions. Il y a eu deux réponses de l'entreprise. La première, provisoire, qui va s'arrêter, c'est la mise en place du comité d'analyse stratégique (comprenant 7 membres du CCE ; 5 membres du Works Council de KLM et 2 membres du comité de groupe européen).
Sauf que le seul endroit où sont ensemble, dans la même salle, des représentants du personnel de KLM, des représentants du personnel d'Air France et la Direction générale de la holding, c'est le comité de groupe européen.
Où va se passer cette réflexion stratégique ? La réponse qui est en train d'être amenée sans dévoiler un secret énorme, c'est que l'on va remplacer ce comité d'analyse stratégique, par une commission stratégique du comité de groupe européen, dont le métier sera d'aller entendre la stratégie du groupe Air France-KLM. Ensuite, chaque instance reprendra tout de suite ses prérogatives, pour donner son avis, être consultée, poser les questions, les requests for advice, etc.
Ce qui manque dans le dispositif, c'est l'endroit où les personnels d'Air France-KLM peuvent écouter ensemble le patron du groupe sur la stratégie. Ensemble, je dis bien. Séparément, cela ne manque pas.
Mme DEN HARTOG.- La Direction a essayé de créer cette instance, qui avait mandat pour décider des questions et des orientations stratégiques. Nous ne l'avons pas accepté. Il n'était pas possible qu'un groupe de 14 personnes décide des questions ou des orientations stratégiques, qui seraient tellement impactantes pour plus de 100 000 personnes au sein du groupe.
Je sais que les Français peuvent souvent avoir l'impression que les Néerlandais bloquent le processus. La difficulté, c'est que nous devons passer par un processus de concertation au niveau néerlandais, qui prend toujours quelques mois, parce que nous menons des discussions détaillées. Donc, j'imagine que du côté français, vous vous posez la question de ce qui se passe. C'est quelque chose que nous comprenons et que nous devons prendre en compte, et voir comment nous pouvons répondre à cette problématique.
QUESTION.- Le droit français, c'est le droit français. On n'a pas le choix. Encore une fois, l'avance des processus se fait différemment entre Français et Néerlandais mais M. de Juniac veut toujours accélérer la démarche.
Mme DEN HARTOG. Oui, c'est ce que nous l'avons entendu dire vouloir faire, mais nous avons également essayé de notre côté de mieux comprendre s'il y avait des moyens de vous inclure, la partie française, dans nos démarches du point de vue du côté néerlandais. Nous essayons d'élargir le périmètre de nos prérogatives, de notre droit pour inclure le périmètre français. Je ne sais pas si nous y arriverons mais c'est un objectif.
M. RIVET.- C'est ce qui s'est passé pour le projet Miles House. Il a été présenté au CCE pour information/consultation. Il a été présenté au comité de groupe européen. Après, on n'a pas su ce qui se passait, on a juste su que cela avait été arrêté par le Works Council.
M. MORRISEY.- En 1994, nous avons eu la première directive européenne sur les comités européens. La demande de consultation des comités européens pour avis, était plus une question de communication d'informations. Quel que soit l'angle que vous preniez, ceci portait sur non seulement la diffusion d'informations mais également la demande d'un avis et la soumission d'un avis. Encore une fois, avec tout le respect que j'ai pour la législation française, le problème est plus du côté de la diffusion d'informations. On lâche une bombe, on vous demande un avis et on passe à autre chose. Il me semble que ce n'est pas approprié,.
Au comité de groupe européen lorsque nous le pouvons, nous essayons de gagner votre confiance et votre respect. Il faut accepter que nous fassions des erreurs, que nous prenions des risques mais ce n'est pas avec de mauvaises intentions. Nous agissons véritablement de bonne foi.
QUESTION.- Avez-vous réfléchi à la façon dont pourrait évoluer le conseil d'administration de la holding, qui est chargée de définir et de conduire la politique générale du groupe ? Avez-vous des recommandations là-dessus ?
M. CABRERA.- Non, nous n'avons pas de recommandation. C'est un vrai sujet.
Nous nous sommes beaucoup attachés à pérenniser ce comité de groupe européen, y compris avec la nouvelle phase du groupe. Mais cette pérennisation doit se faire en liaison extrêmement étroite avec les deux grands comités d'entreprise.
J'hésite un peu, parce qu'en fait, il n'y a pas que le CCE d'Air France ou le Works Council de KLM. Il ne faut pas oublier les salariés des filiales. Ils ont aussi leur mot à dire.
Quant au problème de la représentation des salariés au conseil d'administration d'Air France-KLM, c'est un sujet que l'on a un peu travaillé mais ce n'est pas à nous à communiquer sur le sujet. Nous recommandons que, chaque fois que l'on parle des salariés du groupe Air France-KLM, on parle bien de tous les salariés du groupe Air France-KLM et non pas que d'une partie des salariés du groupe Air France-KLM.
QUESTION.- Y a-t-il un code de référence pour le comité d'entreprise européen, un cadre. Si oui, peut-on le trouver quelque part ?
Pouvez-vous me donner quelques chiffres ? Vous avez dit qu'il y avait 31 membres : 10 Français, 6 représentants des Pays-Bas et 22 autres membres représentant 17 pays. Si le comité de groupe européen doit prendre une décision sur la sous-traitance et que ces 22 membres décident qu'ils sont en faveur de ce projet de sous-traitance, dans ce cas, on a un souci avec les syndicats.
M. CABRERA.- Le comité de groupe européen d'Air France est basé sur trois textes, on ne peut plus officiels : une directive européenne de 2009 ; sa traduction en droit français, fin 2011 et le protocole qui est obligatoire.
Mme DEN HARTOG.- Dans la nouvelle proposition pour le nouveau protocole, nous sommes en train de retravailler les chiffres, car le nombre de personnes représentant Air France-KLM, sera plus important que les Européens. Ce problème est résolu.
A propos des autres syndicats d'autres pays européens, le comité d'entreprise européen fonctionne dans le cadre de la législation européenne. Chaque pays réalise ses propres élections et nomme de cette manière le membre du comité d'entreprise, ce qui en fait de fait des membres du comité d'entreprise européen, s'il y a des syndicats, évidemment. Par exemple, en Pologne, il y avait Solidarnosc. Ce n'est plus le cas, aujourd'hui. Aujourd'hui, les représentants ne sont plus élus par des syndicats, mais les représentants sont là, quand même, et nous devons travailler avec eux.
M. MORRISEY.- Notre travail consiste à rendre un avis. Ce n'est pas un avis contraignant. Si 22 personnes, comme tu l'as dit, disent "nous sommes d'accord, on ne veut plus du tout de maintenance aux Pays-Bas ou telle ou telle chose", ce serait évidemment sur la table des discussions à Amsterdam.
Il y a une phrase dans un article qui est intéressante : le processus d'information est mené à la fois au sein du comité d'entreprise européen Air France-KLM et avec les instances locales. Et la différence entre 10 délégués français et 6 délégués néerlandais est assez claire : 60 000 salariés en France, 30 000 aux Pays-Bas. Je crois que l'on s'en sort plutôt bien. Je crois que tout cela est là pour nous servir au mieux.